AVANT
Anges et démons
Rien n'est simple dans la vie. Nous réprouvons la violence sous toutes ses formes, et essayons quasiment tous de développer en nous-mêmes certaines qualités humaines, telles que l'altruisme, l'écoute de l'autre… Pourtant, les occasions ne manquent pas dans le quotidien d'exercer nos talents innés de bourreaux sur ceux que l'on aime ou estime, et ceci sans même que nous ne nous en rendions vraiment compte…
Chantage affectif : quand les sentiments torturent
Le chantage affectif est une forme particulièrement puissante de manipulation par laquelle un proche menace, directement ou indirectement, de nous "punir" si nous ne comblons pas ses désirs.
La personne en question (conjoint, ami, relation professionnelle…) sait jouer de nos sentiments et de la connaissance qu'elle a de notre caractère et de nos points faibles pour obtenir ce qu'elle désire de nous, par un jeu habile de menace et d'affection alternées. Il est à noter que ce processus est souvent inconscient de la part de l'individu qui l'utilise, et que ses sentiments à notre égard peuvent être sincères. C'est ce qui explique que le chantage affectif est très dur à diagnostiquer, et à enrayer.
Nous sommes ainsi très souvent tout à la fois bourreau et victime : nous pouvons souffrir de ce type de relation avec notre conjoint, et l'utiliser dans le même temps avec un(e) ami(e), ou un(e) collègue de travail.
Quelques exemples
Les armes favorites des "maîtres-chanteurs du quotidien" sont la culpabilité, la comparaison désobligeante, la mauvaise foi, la menace déguisée, la peur…
Le couple :
- "Au moins Mona n'est pas le genre à quitter son mari dès qu'ils ont la moindre dispute."
- "Elle parait calme, mais le son de sa voix, l'attitude de son corps, tout démontre son mécontentement à mon égard. Je redoute sa mauvaise humeur. Après tout, peut-être a-t-elle raison. Je dois lui céder."
La famille :
- "Regarde ta sœur : elle ne rechigne pas, elle au moins, à donner un coup de main dans l'entreprise familiale."
- "Ta cousine Caroline vient souvent me voir, elle, et se comporte en fille dévouée à mon égard. Elle me paraît plus une vraie fille que toi."
Au bureau :
- "Mon chef de service ne me lâche pas avec ses comparaisons désobligeantes. Il tient à moi, je le sais, mais il me demande d'atteindre un niveau qui est toujours relevé une fois atteint. Sa satisfaction est toujours de courte durée."
- "Tu es mon supérieur, et aussi mon ami : tu dois me donner ce dossier important, sinon ta société ne me gardera pas, et je serais au chômage. Tu connais Jeanne, ma femme, tu sais qu'elle ne le supportera pas…"