On remarque que ces épouses (ou époux, le pervers narcissique n'est pas nécessairement masculin) se retrouvent un peu dans la même situation que celles des femmes battues. Elles subissent graduellement un lavage de cerveau, d’autant plus facilement qu’elles-mêmes sont souvent à la recherche d’un compagnon qui puisse les structurer. Elles peuvent même trouver excitant le côté sombre de leur partenaire. Elles peuvent être au courant de ses antécédents (problèmes de mœurs, prison, mauvaises actions racontées à l’envi par le pervers à son partenaire etc.) et pourtant tout lui pardonner.
Beaucoup d’entre elles restent avec leur mari parce qu'elles ont peur pour leur avenir, pour celui de leurs enfants, et pour leur sécurité matérielle. Beaucoup sont financièrement dépendantes de leur mari. Autant de raisons pour qu'elles acceptent le statut quo et se contentent d’un « bonheur au rabais ».
Les pervers narcissiques mariés ont souvent des épouses soumises qui ont sans doute peur de perdre leur « homme » et ne posent aucune question, même devant des évènements très troublants. Leur relation avec leur mari est loin d'être parfaite, mais elles s'en contentent. Elles espèrent toujours se tromper sur son compte, ou le corriger avec leur amour.
Elles ne reviennent à la réalité que lorsqu’elles échappent à l'attraction machiavélique qu'exerçait leur compagnon et que le monde dans lequel il les avait contraintes à vivre s’écroule peu à peu. Lorsqu'elles découvrent qui est réellement leur mari, elles perdent en fait toutes leurs certitudes. « Ces femmes ont des soupçons qu'elles ne veulent pas croire ». « La réalité est que le mariage est une chose très compliquée et qui doit répondre à beaucoup de besoins. Ce qui est acceptable pour une personne peut ne pas l'être pour une autre ».
Il est possible que, quel que soit l'aspect monstrueux du mari, ce dernier est capable par moment de tendresse, d'une tendresse toute relative dont se contentera alors l'épouse. D’autres sont l’objet de menaces, de punitions, le plus souvent subtiles, voilées, dans le cadre d’une sorte de dressage.
Comme Monique Olivier, 55 ans, visiteuse de prison qui avait rencontré Michel Fourniret lors de son séjour à Fleury-Mérogis avant de l’épouser, en 1989, une personne effacée « craintive, très impressionnée par son mari mais pas dans une logique de remords », ne s'étant pas révoltée une seule fois, selon le procureur général de Reims.
Parlant des femmes des tueurs en séries - le cas extrême - Michèle Agrapart-Delmas, psychocriminologue, expert judiciaire auprès de la Cour d’appel de Paris, rapporte : « Elles sont dans un rapport de soumission dans lequel elles trouvent un équilibre très précaire, pathologique. (...) Il y a un rapport de domination, mais en même temps elles participent et mettent la main à la pâte, ce qui révèle vraisemblablement des personnalités perverses. (...) Parallèlement, elles sont soumises à un isolement de plus en plus grand, sont petit à petit retirées de leur vie sociale. Leurs partenaires leur font comprendre que « les autres ne comprendraient pas ». Ces femmes sont des victimes mais des victimes partiellement consentantes ».
Roy Hazelwood, psychologue, a relevé que beaucoup de sadiques sexuels expérimentent sur leurs épouses certains comportements qu’ils accomplissent par la suite sur leurs victimes. Séduites, fascinées, vampirisées par la personnalité de leurs maris, elles peuvent perdre une partie de leur humanité. Selon ce dernier, on ne deviendrait pas toujours la femme d’un grand pervers par hasard. Certaines femmes sont fascinées par les tueurs en série ou les pervers. L’un des plus célèbres, Ted Bundy, qui a inspiré le film « Le silence des agneaux », a été inondé de demandes en mariage avant son exécution en Floride, le 24 janvier 1989.